Rétrospective cinématographique de Michelangelo Antonioni
Il y a un demi-siècle, ‘L’Avventura’ de Michelangelo Antonioni s’apprêtait à déchaîner les passions par son audace esthétique et l’acuité de son regard, porté sur la sensualité moderne et ses interrogations morales. Plan large sur un film-manifeste à la beauté toujours aussi ahurissante.Un homme, deux femmes ; l’une brune, l’autre blonde. Et une île, déserte et volcanique, perdue sous l’orage. L’affiche de ‘L’Avventura’ laisse augurer d’une habile synthèse entre un album d’Hergé (‘L’Ile noire’) et ‘Les Hauts de Hurlevent’. La découvrant il y a cinquante ans, les spectateurs du Festival de Cannes ont eu de quoi être surpris par sa langueur épurée. Pour son actrice, Monica Vitti, « ils ont ricané des choses les plus graves ». Elle sort liquéfiée de cette première projection, où l’oeuvre d’Antonioni est abondamment huée. Le lendemain matin, le cinéaste reçoit une lettre : « Hier soir, nous avons vu le plus beau film jamais projeté dans un festival. » Parmi les signataires, Roberto Rossellini, André S. Labarthe, Alain Cuny, des journalistes de Combat, de L’Humanité lui assurent leur admiration devant « l’importance exceptionnelle du film ». Immédiatement, ‘L’Avventura’, pavé dans la mare des repères narratifs, impose le cinéma et sa représentation du réel comme un enjeu moral. Aussi calmement que l’hostilité qu’il suscite paraît hargneuse. Seulement, la polémique à beau enfler sur la Croisette, elle sera définitivement balayée par le prix accordé au film (celui du Jury), et par un remarquable succès international.La projection sera introduite par Mme Thea Rimini, critique de cinéma.Réservation obligatoire >>>